[Pause] Quand on sort de sa bulle...

Elle sentait le chacal.
Oui, ça devait être pour ça. Ça devait être pour ça qu'elle n'avait toujours rien attrapé de la journée, alors que le soleil n'était pas loin de commencer à se coucher. Les journées à vide, ça arrivait, mais ce n'était jamais agréable. Elle avait essayé plusieurs endroits habituellement bien fréquentés, pourtant... À croire que toute la forêt s'obstinait à l'éviter. Néanmoins, elle souriait toujours, bien qu'un peu fatiguée. Heureusement qu'il y avait encore les fruits, sinon elle aurait dû commencer à voir dans les charognes. Elle détestait les charognes, cette petite capricieuse. Ça puait, c'était moche, et c'était déjà à moitié mangé. Donc elle s'obstinait à rester couchée sur sa branche, les jambes crispées par l'attente, en espérant que les cris de son estomac ne fassent pas fuir ses proies. Ça faisait des heures qu'elle attendait... Oh, bien sûr qu'elle voyait des animaux passer, mais ils étaient trop loin, ou bien trop gros ou trop dangereux. Elle entendait même quelques cris de bestioles comestibles, rien que pour l'énerver un peu plus.Pourtant, elle n'avait pas sauté dans un tas de fumier dans la journée... Elle l'aurait senti, tout de même.
La sauvage sentait déjà qu'elle allait devoir se rabattre sur les oiseaux (ou bien prendre un bain), et se redressait lentement, sans faire frémir une feuille, lorsqu'un bruit la fit se recoucher aussi sec. Les sous-bois bougeaient, pas si loin que ça... Même l'estomac de la féline se tut, attentif à un repas potentiel. Quelque chose avançait, quelque chose allait tomber dans son piège...

... Un quelque chose de bizarre. Non pas qu'il soit monstrueux, il était même pas mal formé, mais il lui rappelait quelque chose... Ah oui. Elle-même, sûrement. Mais si, deux bras, deux jambes, des habits... Ça lui ressemblait bien plus que n'importe quel animal de la jungle ! C'est ce qui la fit hésiter. Pouvait-elle lui tomber dessus, lui écraser la tête d'un coup de botte et en faire son repas du soir sans faire preuve de cannibalisme ? Ça lui déplairait un peu d'avoir tué quelqu'un qui pourrait l'aider, et de la même espèce qu'elle. Elle décida donc de le suivre un peu, pour voir ce que le représentant d'une race qu'elle n'avait jamais croisée faisait donc par ici.

Elle resta discrète jusqu'à une sorte de campement. Il était plutôt bien caché dans les arbres, mais il n'avait pas l'air naturel... Ça faisait plus peur à l'hybride blanche qu'à autre chose. Elle s'arrêta à bonne distance, en observant le Quelque Chose monter dans une des grandes boîtes vertes couvertes de feuillages plus ou moins artificiels.
Les scientifiques restèrent deux jours, pendant lesquels la sauvage passa son temps à les observer en piquant parfois un peu de nourriture. Puis ils partirent en hélicoptère, avec les boîtes vertes. Et l'hybride blanche se mit en tête de les suivre. Elle bondit dans les arbres pendant les quelques minutes où elles pouvait encore les voir à travers les feuilles, puis elle se contenta de suivre la direction qu'ils avaient pris. Ce petit manège dura quelques jours. Puis, un soir, épuisée par le voyage, elle était tombée sur quelque chose d'incroyable.

Une route.

C'était la fin de la forêt, et il y avait un immense ruban gris qui la longeait, à perte de vue des deux côtés. De l'autre côté du ruban, rien, seulement des plaines et quelques arbres solitaires. Au loin, il y avait quelque chose de gris et blanc. Si elle s'était rappelé à cet instant, elle aurait pu dire que c'était une ville. Elle poussa un petit cri de surprise et de joie, et, curieuse, elle voulu faire quelque pas pour traverser la route, après l'avoir touchée de la main, au cas où. Mais en plein milieu, ses jambes ne répondirent plus, et elle s'effondra sur l'asphalte. Elle était si fatiguée...
Elle ne voulait plus bouger...

Elle aurait voulu s'endormir et ne jamais se réveiller, ou, du moins, pas avant deux ou trois jours. L'asphalte n'était pas très confortable, mais elle s'adaptait à tout... Ah, ça y est, elle se souvenait ! Ça s'appelait bien une "route". Donc... Là où elle vivait avant, il y avait des routes. Pendant qu'elle réfléchissait les yeux fermés, couchée sur le côté gauche et les jambes repliées contre la poitrine, elle entendait des gens. De l'autre côté de la route, il y avait des gens. Ils lui ressemblaient beaucoup, plus encore que le Quelque Chose qu'elle avait suivie dans la forêt. Elle n'avait pas eu le temps de les observer... Et elle n'avait pas envie de se relever pour ça. Elle voulait juste se reposer. Il semble que le fait que des "voitures" passent de temps en temps sur des "routes" lui ait quelque peu échappé.

Heureusement, il y avait toujours une bonne âme pour venir en aide à son prochain, et cette fois-ci, ce fut un adolescent hybride aigle à queue de lion qui vola à son secours. Il la souleva et la posa sur un machin dur tout noir. Un "banc". Elle ne savait pas si c'était cet endroit, mais sa mémoire lui revenait de plus en plus, en tout cas sur sa langue natale. Méfiante, la sauvage se redressa et s'accroupit comme elle le pouvait sur le banc, agitant nerveusement sa queue de droite à gauche. Elle renifla doucement, et éternua aussitôt. Son nez n'était pas vraiment habituée à l'odeur des villes, assez... Choquante, après deux années en pleine forêt. Après s'être à demi-étouffée, elle entendit le griffon dire quelque chose qu'elle ne comprit pas tout de suite. Qu'est-ce que c'était que ce charabia... Ça lui disait quelque chose. Elle le fixa de ses yeux de chat en réfléchissant intensément. Ça allait sûrement lui revenir... Sa réflexion fut interrompue par... Un truc bizarre que le griffon lui mettait sous le nez. De la nourriture. Ça sentait plutôt bon... Et ça l'étonnerait qu'il veuille l'empoisonner.

Gurufin : Je m'appelle Gurufin, et vous ? Tenez, mangez, ça vous fera du bien!

Cette fois, elle avait compris. Du moins, en partie. Gurufin, ça devait être son "nom". "Manger". "Bien". Elle reconnaissait ces mots, et elle savait ce que ça voulait dire. Elle ne se priva donc pas pour attraper rapidement le sandwich et le dévorer assez... Sauvagement. En quelques secondes, il n'en restait plus que des miettes. Le fait qu'il l'ai acheté et qu'il en voulait peut-être un petit peu ne lui effleura même pas l'esprit. Par contre, le griffon lui avait posé une question. Et elle devait y répondre. Elle chercha longuement ses mots... Avant de se rendre compte qu'elle n'arrivait pas à se souvenir de son nom. Elle ne s'était jamais posée la question, mais maintenant qu'elle en avait besoin, elle n'y arrivait pas. Fatiguée et un peu affolée, en territoire inconnu, elle avait envie de pleurer. Elle baissa la tête, un peu honteuse, posa les yeux sur sa fourrure... Et décida de se donner elle-même un nom. Elle releva la tête brusquement, et dit d'une voix un peu rauque, n'ayant pas l'habitude de parler.

Blanche : Blanche... Est mon nom.

Elle savait que ce n'était pas vraiment la bonne formule, mais elle avait du mal à tout remettre en place. Elle se racla la gorge, la sentant encombrée, et voulut poser une question.

Blanche : Où... Où je suis ? Je... Pas savoir... Quoi faire.

Elle se sentait perdue, sur un sol dur qui claquait sous ses bottes, entourée d'immeubles droits et hauts, inquiétants. Y avait-il un seul animal comestible, là-dedans ? Et où trouvait-on des... "Sandwich" ? Un endroit vraiment étrange...

La nouvellement nommée "Blanche" sourit en voyant que le griffon était heureux, mais son regard trahit une légère déception lorsqu'elle constata qu'il ne répondait pas à sa question. Est-ce qu'elle avait dit quelque chose de mal ? Hésitante, elle s'occupa plutôt de regarder autour d'elle. Hé, il y avait des oiseaux, sur ce trottoir... Hm, elle voudrait bien y goûter un peu... Mais elle hésitait avec le griffon à ses côté, et le fait que personne ne semblait manger de ces oiseaux par ici. Peut-être qu'ils n'était pas comestibles... Elle se retourna brusquement en entendant Gurufin lui parler.

Gurufin : Blanche, je vais vous emmener chez moi, vous devez vous reposer !

L'hybride chat n'eut même pas le temps de protester, de dire qu'elle pouvait très bien dormir ici, que ce banc lui avait l'air parfaitement sûr et qu'elle ne voulait pas bouger. Le griffon la reprenait dans ses bras et s'envolait. C'était la première fois qu'elle volait sans l'aide de ses bottes, et ça l'effrayait un peu. Elle restait parfaitement immobile, mais s'accrochait au cou du griffon comme s'il allait la lâcher. Heureusement pour les poumons de Gurufin, son appartement n'était pas très loin. Elle se laissa poser dans le lit avec réticence, comme s'il allait l'avaler, mais elle put constater que non. Les bottes encore aux pieds, elle se mit à triturer nerveusement les draps, effrayée par ce nouvel environnement. Peu à peu, en posant les yeux sur chaque objets, elle arrivait à retrouver leur nom. Ceci la rassura, et elle réussit à se détendre. Plus le temps avançait, plus elle se disait qu'elle avait dû vivre dans une ville, avant qu'elle n'atterrisse dans la forêt. Le griffon revint avec un autre sandwich, et Blanche fit un grand sourire. Les sandwichs étaient la meilleure chose qui lui étaient arrivées depuis qu'elle était ici. Après Gurufin, bien sûr. Il était très gentil. Elle fit honneur au cuisiner en dévorant son assiette. Pendant ce temps, le griffon s'installait sur une chaise à côté du lit. Lentement, il lui posa d'autres questions.

Gurufin : D'où venez-vous, comment êtes-vous arrivée ici, et êtes-vous seule ?

Hmm, beaucoup d'un coup. Mais la sauvage commençait à se rappeler, et s'habituait peu à peu. D'où venait-elle. Comment était-elle arrivée. Si elle était seule. Rien de compliqué. Elle chercha ses mots quelques secondes et s'appliqua à ne pas trop balbutier.

Blanche : Je viens de la forêt, de l'autre côté de... La route. J'ai marché... Dans les arbre... Suivi des immenses choses noires qui... Qui volaient. Je me souviens ! Des "hélicoptères". Je me débrouille seule... Depuis beaucoup de temps. Avant, je sais plus. À toi. Et où suis-je ?

L'hybride blanche s'assit sur le bord du lit, ses longues bottes dures la gênant dans les draps du lit. Elle ne pensait jamais à les enlever, ce serait comme lui couper les jambes. Bien qu'elles ne soit pas très naturelles pour elle, elles lui servaient beaucoup. C'était l'un des seuls objets qu'elle possédait, et le plus précieux parmi ceux-là.

-HRP- Hey, attention, t'as un peu tendance à trop vouloir contrôler mon perso >.< -/HRP-

Gurufin : Je vis ici, je suis tout seul, j'ai perdu mes parent très jeune, moi aussi comme toi je me débrouille seul, ceci s'appelle un appartement, tu es dans une ville, à Inferst pour être précis.

Une ville, oui, c'est ça. Par contre, le nom d'Inferst ne lui disait rien. Une seconde. Qu'est-ce qu'il avait dit avant ? Ses parents ? D'ailleurs, ils étaient où, ses parents à elle ? Bien sûr, elle se disait qu'elle devait en avoir, puisque chaque bestiole dans la forêt avait été élevé par une autre bestiole qui lui avait donné naissance. En général, elle n'avait pas vu l'enfance de chaque animal de la forêt, non plus. Pendant que Gurufin faisait le pitre sur sa chaise, Blanche se détendait peu à peu. Elle avait fini par se fixer un but. Elle devait...

Gurufin: Tu devrais enlever tes chaussures pour te reposer.

Blanche lâcha un miaulement plaintif. Elle ne voulait pas les enlever. Pas tant qu'elle ne se souviendrait pas. Elle baissa les yeux sur elles, longues bottes à talon noires à arabesques rouges. Elle les avait trouvées à côté d'elle lorsqu'elle s'était réveillée pour la première fois dans la forêt. Et puis le griffon se leva et s'approcha d'elle. Nyeuh ? Qu'est-ce qu'il veut ? l'hybride chat se tendait déjà, pas très habituée à une quelconque forme de gentillesse, surtout que dans la forêt, les aigles lui piquaient parfois son repas. Mais il voulait juste remonter la couette. Bah ça allait, alors. Par contre, il n'avait pas eu l'air de remarquer qu'elle n'avait pas enlevé ses chaussures. Tant pis, elle essaierait de ne pas trop bouger.

Gurufin: Je te laisse te reposer, si tu as besoin de moi je suis sur le canapé.

C'était vrai, elle était épuisée. Alors, quoiqu'un peu embarrassée de ne pas dormir dans un arbre comme d'habitude, elle posa la tête sur l'oreiller et s'endormit aussitôt.

Mais quelques minutes plus tard, elle se mit à rêver. Elle était bien coiffée, portait une robe blanche et des sandales assorties. Un instant, elle fut inquiète de ne pas avoir ses bottes. Mais elle l'oublia aussitôt. Elle avait l'impression d'être plus petite, aussi. Devant, il y avait un jardin, bien entretenu. Et derrière, une grande maison à deux étages. Derrière la maison, une grande ville, pas très loin. Une impression bizarre lui disait qu'elle devait entrer dans cette maison. Elle avança donc. Au moment où elle allait poser la main sur la serrure, la porte s'ouvrit. Derrière il n'y avait personne. Elle avança. Un salon spacieux et bien meublé, impeccable. Mais il n'y avait rien dessus, excepté une photo sur la table. Machinalement, l'hybride s'avança pour mieux la voir. C'était un portrait. Avec une inscription funèbre. Le portrait de... Non !

Et se réveilla.

En sursaut, les yeux écarquillé, en poussant un cri déchirant. "Maman". C'était elle, elle en était certaine ! Elle n'avait pu voir son visage qu'une fraction de seconde, et déjà il s'estompait, mais elle savait que c'était elle. Les bras croisés, en se balançant d'avant en arrière avec une expression désespérée, elle poussait des miaulements pitoyables, les yeux fermés très fort. Le griffon avait accouru à son cri, et Blanche s'était mise à sangloter.

Blanche : J'ai, je l'ai vue, je l'ai vue, elle était sur la table, il y avait écrit... C'était écrit "Repose en paix !" Maman, maman, maman...

Elle savait que c'était sa mémoire qui revenait, ce n'était pas qu'un rêve. C'était vrai. Elle ne retrouverait jamais sa mère. Elle pleurait, sans pouvoir s'arrêtait. C'était la première fois depuis qu'elle s'était réveillée.

Complètement affolée, remarquant à peine Gurufin qui s'asseyait au bord du lit, Blanche continuait à se balancer, tremblant violemment. En entendant sa voix, elle se retourna brusquement vers lui, les pupilles réduites à deux fentes noires, comme si le griffon s'était soudain transformé un serpent géant. Mais peu à peu, elle arrêta de trembler, et ferma les yeux en soufflant lentement. Il fallait qu'elle se calme. Pleurer ne servait jamais à rien, elle le savait. Doucement, elle arrêta de se balancer et resta immobile, reniflant de temps à autre, mais concentrée. Elle rassembla ses souvenirs pendant qu'ils étaient encore chauds, et fit de son mieux pour les rapporter.

Blanche : J'étais... J'étais plus petite... Je suis entrée dans une grande maison blanche, je crois... Oui, je crois que c'était chez moi, avant... Il y avait une photo sur la table... C'était maman... J'en suis sûre ! C'était elle ! Elle est morte... Je me souviens, elle est morte quand je suis née...

Elle s'arrêta un instant, en fixant le sol. Quelques secondes plus tard, une autre larme roula sur sa joue. Elle n'arrivait pas à se souvenir... Et son père ? Était-il mort, lui aussi ? Avait-elle grandi dans un orphelinat, ou dans je ne sais quoi qui y ressemble ? Elle ne pouvait pas...

... Elle devait le chercher. Elle devait trouver cette maison et se rappeler de tout. Ensuite seulement, elle avisera de ce qu'elle ferait, maintenant qu'elle était dans une ville, avec des tas de ses semblables. Rassurée d'avoir un but dans cet environnement déstabilisant, elle se détendit légèrement. Et puis, tout naturellement, comme s'il ne s'était rien passé, elle se dégagea de ses draps et alla à la fenêtre. Ou plutôt, grimpa sur le rebord du balcon. Sans jeter un regard derrière elle, comme si elle s'était réveillée ici sans qu'il ne s'y soit rien passé, sans laisser une chance à quiconque de l'attraper, elle se jeta dans le vide. Elle atterrit juste devant un homme d'affaire accaparé par son portable, qui faillit la percuter, mais s'arrêta à temps, bouche bée. Réaffichant son sourire inébranlable, Blanche lui adressa un petit signe avant de bondir une nouvelle fois, laissant deux-trois fissures dans le trottoir. Elle rebondit sur un mur, faisant apparaître quelques lézardes, et se réceptionna en roulé boulé sur le toit d'un autre.

Maintenant, elle devait trouver un truc assez haut pour voir si quelque chose lui revenait dans les alentours de la ville. Ensuite, si elle ne trouvait rien... Eh bien, elle demanderait son chemin. La féline avait bien trop l'habitude de vivre en solo pour demander de l'aide à qui que ce soit si elle pouvait se débrouiller seule. Une tour, sur la gauche. La prochaine destination était toute tracée. Privilégiant les hauteurs à la puanteurs des rues, Blanche bondit une nouvelle fois, sur un autre toit, et ainsi de suite, sans se préoccuper du fait que tout plein d'Inferstiens pouvaient la voir. Une hybride blanche aux habits déchirés bondissant de toits en toits, ce n'était tout de même pas très courant.

La voilà à destination. Légèrement essoufflée, "Blanche" prit son temps pour rejoindre l'autre côté du toit de la tour. Elle avait mal calculé son dernier saut, et maintenant elle boitait légèrement, après s'être violemment cognée la cheville sur le bord du toit. Heureusement, le créateur de ses bottes avait prévu le coup, et celles-ci avaient plus ou moins absorbé le choc. Mais ça faisait tout de même drôlement mal. Tout en marmonnant, elle s'arrêta dangereusement près du bord, et leva les yeux.

Elle dut admettre que c'était impressionnant. Pas très coloré et légèrement brumeux, mais impressionnant. La ville s'étalait sur des kilomètres, et elle était heureuse de distinguer quelques taches vertes au milieu des buildings.
Par contre, rien ne lui revenait en mémoire. Rien de rien. Pas le moins du monde déçue, elle se mit à taper des mains en sautillant, comme elle le faisait lorsqu'elle avait dix ans, sans qu'elle s'en souvienne. Certaines habitudes perduraient jusque dans l'amnésie. Finalement, peut-être qu'elle pourrait s'adapter. La détresse qu'elle avait ressentie après son "rêve" finissait de s'estomper. Elle fronça les sourcils, et s'assit, les jambes dans le vide. Il allait falloir qu'elle fasse quelques efforts. Bien qu'établir une stratégie ne soit pas son fort, elle devait reconnaître devoir arranger quelques points, dont celui des vêtements. Personne ne portaient de vêtements déchirés et abîmés. Le problème de la nourriture se posait aussi. Peut-être y en avait-il dans ces taches vertes ? Son esprit assez simple ne se fit pas la réflexion que les parcs étaient vraiment trop petits pour nourrir tout ce monde, et que ça ne devait pas être ça. Ayant maintenant un autre objectif en tête, l'hybride se releva souplement, et décida de faire le tour de la vue avant de repartir. Elle fit un bond pour atterrir directement de l'autre côté du toit… Et tomba nez à nez avec un autre hybride. Effrayée, elle recula précipitamment, tout en détaillant l'inconnu. Un hybride chauve-souris, supposa-t-elle, avec ces ailes… Au pelage et aux yeux sombres, à l'air vaguement menaçant. Incertaine, elle ne bougea pas. Chez elle, les créatures dangereuses se sentaient menacées quand la chose en face d'eux bougeait trop. Et ces mêmes créatures avaient une fâcheuse tendance à mordre, lorsqu'elles se sentaient menacées. C'était d'ailleurs une de ses propres stratégie. Bizarrement, elle affichait son sourire envers et contre tout. Ça pouvait être légèrement déstabilisant de voir une fille ébouriffée, apparemment en posture de défense rappelant une panthère ramassée sur elle-même, en train de sourire comme une bécasse. N'ayant pas l'habitude de parlementer avec les bestioles de sa forêt, elle ne dit absolument rien.

-HS- Rapport au post d'en bas : Han maird. Eh bien, je passe à Guru.-/HRP-